Interview du Dr Robert Corvisier, médecin généraliste, spécialisé en acupuncture.
3ème volet : Médecine préventive et pathologies fonctionnelles.
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Le Docteur Corvisier, est médecin généraliste, spécialisé en acupuncture. Il a enseigné l’acupuncture à la Faculté de Médecine de Tours, a mené des recherches sur l’action de l’acupuncture à l’Hôpital européen Georges Pompidou et vient de publier « Soigner avec l’acupuncture », édité chez Dunod.
J’ai souhaité souhaité l’interviewer pour qu’il nous explique comment l’acupuncture peut non seulement soigner, mais aussi nous permettre de rester en bonne santé.
Préalablement, nous avons vu que l’approche de maladie en acupuncture était radicalement différente de l’approche en médecine occidentale. nous avons abordé les principes fondamentaux de l’acupuncture et comment cette médecine nous invitait à penser autrement.
Pour écouter le premier volet , c’est ici : L’acupuncture pour rester en bonne santé #1
Pour écouter le 2ème volet, c’est ici : L’acupuncture pour rester en bonne santé #2
Bonne écoute 😉
Rémi
Extraits
Venons-en un petit peu aux pathologies fonctionnelles… Quelles sont les pathologies pour lesquelles on ne trouve pas de réponse dans la médecine occidentale et que l’on va soigner de manière plus courante en acupuncture ? Y’en a-t’il ? Est-il possible d’en identifier ?
Dr Robert Corvisier : Oui. Pratiquement toutes les pathologies fonctionnelles relèvent de l’acupuncture, à mon avis, avant la médecine occidentale.
Dans 90 % des cas, les pathologies fonctionnelles sont traitées avec des médicaments qui sont des « cache-misère ». On va soigner la migraine avec des médicaments qu’on appelle des triptans, qui vont avoir une action vaso-constrictrice au niveau des artères méningées dans le but de soulager les douleurs. On va donner des antalgiques ou des antispasmodiques pour les douleurs abdominales. On va donner des tranquillisants pour les angoisses… En fait, on soigne le symptôme, alors qu‘en acupuncture, on soigne la cause.
Que pense l’acupuncteur : « attention, ce monsieur est très émotif, il a tel trouble énergétique et c’est pour cela qu’il n’est pas bien ; parce qu’il a des problèmes émotionnels en ce moment il peut devenir dépressif». On va traiter l’énergie (le Qi) du méridien en rapport avec l’émotivité, et ainsi, l’on va soigner le fond des choses. Les indications sont multiples ; je ne peux pas vous les citer toutes car il y en a plusieurs centaines…
En gros, on peut citer les insomnies, les malaises fonctionnels multiples comme les douleurs du plexus ou les palpitations, les suites d’états anxieux, les états dépressifs réactionnels à des difficultés familiales ou professionnelles, des pathologies digestives comme les colopathies ou les gastrites, les pathologies ostéo-articulaires comme les douleurs dorso-lombaires ou les douleurs sciatiques, les maux de tête, les pathologies cutanées comme les eczémas, certains troubles gynécologiques etc.
Par exemple, de nos jours, les gens sont tellement mal dans leur travail que l’on voit pratiquement un patient sur deux malheureux sur le plan professionnel… Hélas, cela semble très banal en France, mais les malaises qui en découlent sont fréquents. Les douleurs du dos sont des motifs fréquents de consultations. J’ai indiqué dans mon livre « Soigner avec l’acupuncture » tout une somme de maladies que l’acupuncture peut soigner mais cela n’a qu’un intérêt relatif parce que chaque malade est unique.
En ce qui concerne les pathologies ostéo-articulaires, il m’arrive de traiter des patients qui ont des maladies rhumatologiques telles que des spondylarthrites ankylosantes ; (maladies qui entraînent des douleurs nocturnes, en fin de nuit, très invalidantes, multiples du bas du dos, des membres, etc.) On voit beaucoup de patients de ce type, que l’on soulage, et cela évite de donner trop de médicaments allopathiques comme des anti-inflammatoires… On est, là, dans la dualité avec la médecine classique. Il n’est pas question de refuser la médecine classique, mais de l’aider à soulager ces patients porteurs de pathologies complexes.
(…)
Dans votre livre, vous dites que « la compréhension de la pathologie donne un sens à la souffrance »…
Dr Robert Corvisier : Le contact avec le patient est essentiel. Quand il n’y a pas un bon rapport humain, le soin n’est pas de bonne qualité. Moi je ne peux plus travailler autrement. Le patient qui se sent compris dans sa pathologie est déjà soulagé… Un petit peu comme si le contact avec la guérison était déjà entamé.
L’acupuncture permet au praticien de comprendre des choses que la médecine occidentale ne comprend pas. Je citais par exemple, tout à l’heure, cette douleur d’épaule en rapport avec cette sinusite… En médecine classique, cela ne veut rien dire, il s’agit de deux pathologies différentes. Pour nous, c’est l’évidence même, ces deux pathologies sont liées et le patient est très heureux de voir que qu’un thérapeute le comprend autrement.
Combien de fois j’entends : « enfin, vous m’écoutez ». De toute façon, si le patient n’est pas écouté, il ne peux pas guérir de la même manière… J’ai tout intérêt à écouter mon patient, sinon je ne le comprends pas! Donc vous voyez à quel point il est absolument indispensable de saisir la pathologie pour rentrer dans le début de la guérison.
Ensuite, il y a tout le facteur humain qui entre dans l’amélioration du malade. Il est évident qu’un patient qui se sent humainement pris en charge guérira beaucoup plus vite, beaucoup plus facilement, que celui qui se sent un petit peu mis à l’écart par le médecin.
(…)
Pour exercer l’acupuncture en France, faut-il être obligatoirement médecin, ou est-ce qu’il y a des acupuncteurs qui ne sont pas médecins ?
Dr Robert Corvisier : Il y a des acupuncteurs qui ne sont pas médecins, mais la loi française impose le diplôme de docteur en médecine pour faire de l’acupuncture. Et beaucoup de gens non médecins se forment dans des écoles d’acupuncture ouvertes à tous , et ils exercent l’acupuncture de manière illégale.
Sinon, est-ce qu’il y a des critères pour choisir un acupuncteur ?
Dr Robert Corvisier : Je pense qu’il est indispensable, d’abord, que l’acupuncteur prenne son temps : l’écoute est indispensable. Et puis il faut qu’il ait des règles de base de l’examen comme le diagnostic par la langue et les pouls. Cela est très important. À partir de là, ce qui compte, c’est le résultat.
Il y a des acupuncteurs qui ont d’excellents résultats, avec des techniques qui peuvent, peut-être, être différentes. Mais l’inspection de la langue et la palpation des pouls sont ancrées dans la tradition, si bien que ces deux examens me semblent indispensables. Maintenant, il y a des acupuncteurs qui ne prennent jamais les pouls et qui ont certainement de bons résultats…
Donc, le sérieux du praticien se ressent aussi dans le contact, dans la manière de vouloir soigner, de vouloir être efficace… Enfin, il y a un grand nombre de critères sur le plan humain qu’il faut prendre en compte.
Quelles sont les réticences en général des personnes à aller voir un acupuncteur ?
Dr Robert Corvisier : Il y a d’abord ceux qui ne veulent pas entendre parler d’aiguilles, à qui ça fait peur. Dès les années 80, il y a eu le sida et les patients avaient légitimement peur de la transmission virale par les aiguilles mais actuellement l’on en parle plus… puisque l’on utilise tous des aiguilles à usage unique. Ces questions-là ne se posent plus. D’autres personnent ne croient pas à la thérapeutique avec les aiguilles d’acupuncture, et pensent que l’effet est complètement placebo… Cette notion est d’ailleurs largement diffusée dans les facultés de médecine par bon nombre de nos confrères hospitaliers qui pensent que faire de l’acupuncture, c’est un petit peu comme faire de la psychothérapie…
Encore aujourd’hui ?
Dr Robert Corvisier : Oui, parfois. Pas toujours, mais parfois. Voilà, donc c’est pour ça que les malades n’y adhèrent pas. Ils n’y croient pas, « ils ne sont pas dedans » disent-ils…
On sent une évolution dans la pratique ?…
Dr Robert Corvisier : Il y a des personnes médecins ou non très ouvertes.
Une évolution en terme de patients qui viennent voir les acupuncteurs je veux dire ?
Dr Robert Corvisier : De plus en plus.
Vous avez senti une demande ces dernières années ?
Dr Robert Corvisier : Ah oui, oui, oui… Je pourrais travailler jour et nuit sans arrêt. Les gens sont fatigués de prendre des médicaments. Ils ont envie de changer de technique thérapeutique ; ils ont envie de changer de manière d’être écoutés. Le fait de les écouter, déjà, permet de les améliorer….
(…)
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